Personnages

Capitaine Némo

Le capitaine Nemo (du latin nemo qui peut se traduire par « personne ») est un des personnages principaux en tant que commandant du sous-marin Nautilus. Il est aussi l'un des personnages secondaires de L'Île mystérieuse et réapparait sous les traits de Maître Volsius dans la pièce Voyage à travers l'Impossible.

Indien. Dans Vingt mille lieues sous les mers, âge imprécis : entre 35 et 50 ans ; 70 ans dans L’île mystérieuse. A la fois ingénieur et savant pluridisciplinaire, mais également musicien et amateur d’art ; en réalité il n’exerce aucune profession.

De l’aveu même du professeur Aronnax : « Cet homme formait certainement le plus admirable type que j’eusse jamais rencontré… » Nemo est grand et athlétique, et toute sa personne dénote une grande expansion vitale. Sa tête, noblement dégagée, montre un front large, des yeux noirs pleins d’assurance dotés d’un angle de vision remarquable, un nez droit, une bouche bien dessinée ornée de dents magnifiques. Ses mains sont fines et allongées, « éminemment “psychiques”…»
Aronnax, fin physionomiste, discerne immédiatement les qualités dominantes de cet homme : la confiance en soi, le calme, la franchise, l’énergie et le courage. Ame haute et passionnée, Nemo possède un sens artistique particulièrement développé, mais, s’il lui arrive parfois de s’enthousiasmer, il sait rapidement reprendre sa froideur coutumière. En réalité, cette froideur dissimule une grande humanité et une sensibilité certaine : on le verra, à deux reprises, pleurer la mort de l’un de ses hommes.

L’unique aspect négatif de son caractère, c’est la haine qu’il éprouve envers les Anglais et qui provoque chez lui des colères rentrées effrayantes ; plongé dans un état second, il commet alors des actes irréparables.
 

Ned Land

Canadien. 40 ans environ. Harponneur.

C’est un homme de grande taille (plus de six pieds anglais), bâti en force, et dont la puissance du regard accentue la physionomie. Adroit et d’une habileté manuelle peu commune. Audacieux, rusé, plein de sang-froid, mais « peu communicatif, violent parfois, et très rageur quand on le contrariait. »
Ce Québecois a eu l’occasion de capturer maints cétacés au cours de sa carrière, « et il fallait être une baleine bien maligne, ou un cachalot singulièrement astucieux pour échapper à son coup de harpon. » Il se trouve à bord de la frégate Abraham-Lincoln afin de mettre un terme aux méfaits de la « licorne de mer » ; en réalité, contrairement à l’opinion du professeur Aronnax, Land ne croit guère à l’existence d’un tel monstre. Ce qui ne l’empêche pas, lui si peu sociable, de bien s’accorder avec le savant qui prend plaisir à l’écouter raconter ses aventures.
Arrive enfin le jour où Land peut frapper l’insaisissable animal ; en pure perte d’ailleurs, car son harpon rebondit sur une coque d’acier : celle du Nautilus. Comble de l’ironie, après avoir été précipité à la mer, le Canadien trouve refuge sur l’engin, bientôt rejoint par Aronnax et son valet Conseil. Par la suite, le fait d’être détenu à bord du submersible n’enchante guère le harponneur qui nourrit une vive animosité envers le capitaine Nemo. Néanmoins, lorsque celui-ci se trouve aux prises avec un requin, il n’hésite pas à intervenir pour le préserver de la voracité du squale. Quelque temps après, Nemo lui rendra la pareille en l’arrachant aux tentacules d’une pieuvre géante.
Durant le tour du monde sous-marin qu’on lui fait accomplir contre son gré, Land ne cesse d’échafauder des projets d’évasion ; à un certain moment, il souffre de claustrophobie et Conseil, craignant un geste de désespoir, le surveille constamment. C’est en vue des côtes norvégiennes que l’occasion favorable se présente : Land entraîne ses compagnons dans le canot étanche pour tenter de gagner la surface. Mais le Nautilus se trouvant pris dans le tourbillon du Maelström, l’esquif sera arraché du flanc du navire. Sans trop savoir comment, le harponneur se retrouvera sain et sauf, dans une cabane de pêcheur, avec Aronnax et Conseil.

Pr. Pierre Aronnax

Français. 40 ans. Professeur-suppléant au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, mais également médecin.

Jules Verne ne le décrit pas physiquement (comme c’est presque toujours le cas lorsque le personnage joue le rôle de narrateur). On apprend toutefois qu’il est bon nageur « sans égaler Byron et Edgar Poe, qui sont des maîtres… » Passionné par sa profession, enthousiaste et curieux de tout, ce savant possède un esprit ouvert et tolérant assez rare pour son époque. Son tempérament, plutôt impatient, le pousse irrésistiblement dans l’action et l’incite aux prises de décisions rapides. Simple et sociable dans ses relations avec les autres, il sait user habilement de diplomatie le cas échéant, et possède un sens de l’humour développé.
Aronnax, spécialisé dans l’ichtyologie, est l’auteur d’un ouvrage intitulé Les Mystères des grands fonds sous-marins. Au retour d’une expédition scientifique entreprise dans le Nebraska, il se trouve à New York au moment même où la presse américaine relate les méfaits d’un monstre marin inconnu. Sollicité par le New York-Herald, il émet l’hypothèse que l’animal en question pourrait être un narval géant. Et quand le secrétaire de la marine lui propose de participer aux recherches, il accepte avec empressement et se retrouve passager — ainsi que son domestique Conseil — de la frégate Abraham Lincoln. Durant la traversée, il se lie d’amitié avec le harponneur Ned Land, un gaillard décidé qui compte bien capturer le cétacé.
Mais le sort en décide autrement et, après son plongeon accidentel dans la mer, l’ichtyologue devient le prisonnier du pseudo-monstre — et plus précisément du capitaine Nemo — ainsi que ses deux compagnons. Il s’acclimate parfaitement à la vie à bord du Nautilus, le sous-marin devenant pour lui un observatoire privilégié, comme il n’en avait jamais rêvé : « J’étais pris là, par mon faible, et j’oubliai, pour un instant, que la contemplation de ces choses sublimes ne pouvaient valoir la liberté perdue. »
D’autre part, la puissante personnalité de Nemo le fascine, ainsi que l’aura de mystère qui entoure son passé. Entraîné par cet homme hors du commun, le professeur participe à toutes les explorations, même les plus dangereuses, et on le voit affronter les requins et participer au combat contre les céphalopodes géants. Et quels souvenirs ineffaçables pour lui que la découverte de l’Atlantide, la traversée de l’isthme de Suez par un canal souterrain, ou l’arrivée au pôle Sud !
Cependant, la destruction d’un navire de guerre par le Nautilus et la mort de centaines de marins lui font prendre conscience de l’aspect négatif et implacable du caractère de Nemo. Définitivement dégrisé, il s’enfuit avec Conseil et Land, profitant du désarroi qui règne à bord du submersible pris dans les remous du Maelström. Par miracle, le canot étanche des trois hommes sera éjecté hors du tourbillon.
Revenu à la civilisation terrestre, Aronnax publiera le récit de son odyssée abyssale. Il se demandera si son hôte énigmatique a survécu et formulera le vœu suivant : « S’il en est ainsi, si le capitaine Nemo habite toujours cet Océan, sa patrie d’adoption, puisse la haine s’apaiser dans ce cœur farouche ! »

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